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Michel était resté planté sur ses talons.
Il se redressa et traversa d’un pas lourd le terrain vers
la gauche pour y attendre le deuxième service.
Il savait qu’il allait perdre. Il l’avait compris
en remportant la première manche au tie-break. Il avait
su, à l’instant, que plus jamais de sa vie il ne
prendrait un set à Cédric. C’était
ainsi : à quinze ans, on franchissait des étapes
pour ne plus reculer. Il avait lui-même éprouvé
cette règle trente années plus tôt.
Michel n’avait jamais été nostalgique de son
enfance ni de son adolescence, mais ce dimanche matin, pour la
première fois, il regrettait sa jeunesse. Il n’avait
que quarante-cinq ans, il était en pleine forme physique,
encore classé 3/6, certaines de ses élèves
d’à peine vingt-cinq ans le trouvaient très
séduisant et le lui faisaient comprendre, mais plus jamais
il ne battrait son fils au tennis.
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