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Extrait -
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Bonjour Maxime, me dit monsieur Bernard.
Lui, je l'aime bien, même avec son costume de contrôleur
de train. Il ouvre les deux grands grillages et je compte
mes pas en traversant la cour pour pas voir les petites fenêtres
avec les barreaux. Des fois, il y a du linge qui pend, et
puis des mains qui sortent entre les barreaux. Ça me
fait peur.
Quand la porte s'ouvre, j'ai perdu le compte
de mes pas à 56. C'est madame Laurence aujourd'hui.
On la suit au fond du couloir où il y a des escaliers
et des grillages. Il y a toujours des grillages partout, chez
maman. Fabienne me pousse dans le dos vers le couloir de droite,
comme d'habitude. On s'arrête pour qu'elle écrive
son nom sur un grand cahier. J'aimerais bien écrire
mon nom aussi mais moi c'est pas la peine, ils ont dit. Fabienne
elle laisse son sac et son manteau. Moi je garde mon manteau
parce que j'ai froid. Madame Laurence me chatouille mais je
sais qu'en fait elle regarde si je n'ai rien de caché
dans les poches. Je ris pour lui faire plaisir. Après
on repart et on tourne à gauche.
On arrive dans la pièce où je vois toujours
maman. C'est une salle toute blanche, moche, mais il y a des
chaises pour les enfants et des jouets dans un coffre. C'est
mieux qu'avant, quand j'étais petit, et que maman était
derrière une vitre avec des trous, comme à la
poste.
Reproduit avec l'aimable autorisation des éditions Thierry
Magnier
© Editions Thierry Magnier - toute reproduction interdite
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